Le bonbon anti-crise 


Publié le par Margotte

« Pas assez acidulé ». Charles Bréguiboul goûte ses dernières créations: « pas mal, cette nouvelle frite, elle va cartonner ». Dans le bureau du directeur de la société Bréguiboul-Jean distribution, des sachets de sucettes arc-en-ciel, des paquets de bonbons fluos, des boîtes de biscuits chocolatés appétissants, des bouteilles de sodas attendent d'être ouverts et dégustés. « Voilà la dernière invention de Pringles, des chips goût guacamole. » Avant de les commercialiser, il faut bien sûr apprécier. C'est le quotidien de Charles Bréguiboul. Plutôt amusant.
Depuis 20 ans, ce chef d'entreprise vend du plaisir en barre. Héritier d'une entreprise familiale spécialisée dans la vente en gros de confiseries, Charles Bréguiboul fait prospérer avec bonne humeur et énergie un nom dans le monde du bonbon. Depuis 1929, le relais passe de père en fils. Et ça marche toujours.
Malades avant la crise, de nombreuses entreprises de confiserie n'ont pas survécu. Pas Bréguiboul. La société réalise plus de 50 % de chiffre d'affaires, mange ses concurrents, s'élargit au niveau national. Bien installé dans les entrepôts du marché, gare de Montpellier, Charles Bréguiboul et ses 28 salariés ne s'en font pas pour l'avenir. Les palettes chargées de bonbons Haribo entrent et sortent sans cesse, en direction des tabacs, boulangeries, alimentations et aires d'autoroutes de toute la région. C'est quoi la recette ?

Le chocolat, un remède contre la crise

Charles Bréguiboul est un homme d'intuition. De la même manière qu'il sent si tel ou tel bonbon va marcher, il attaque les secteurs qui lui manquent.
« Nous sommes passés au travers de la crise parce que j'avais prévu de récupérer des commerçants deux ans avant la crise. J'avais mis en place une stratégie d'élargissement et j'ai surtout racheté mon plus gros concurrent, une société nationale de 800 salariés », explique-t-il. La crise lui a même facilité la tâche. L'effet resserrement des entreprises lui a permis de recruter chez le voisin.
Mais si Bréguiboul ne coule pas, c'est surtout parce que le marché du bonbon, c'est un marché anti-crise ! C'est bien connu, le sucre a des vertus anti-déprime. « Une Fraise Tagada, on n'en a jamais vraiment besoin. Mais c'est un produit que les gens se permettent d'acheter, crise ou pas crise, assure le directeur. Ça s'appelle la vente d'impulsion. » Qui ne s'est jamais offert un paquet de M&M's après avoir fait le plein à la station service ? Qui n'a jamais ramené un Kinder Surprise au petit avec la monnaie du pain ?
« Fatalement, la confiserie c'est le dernier produit touché par la crise. C'est un produit compensatoire. Quand des parents doivent se serrer la ceinture en temps de crise, ils ont toujours un ou deux euros pour acheter un petit truc aux enfants », poursuit-il. Un achat compulsif peu onéreux qui marche toute l'année.

La caverne de Bréguiboul

Petit. C'est son mot d'ordre. Se cantonner aux petits commerces de proximité et ne jamais investir la grande distribution. « Si on est toujours là, c'est parce que mon père a su se développer dans un secteur parallèle aux grandes surfaces. Il a privilégié les plus petites enseignes », affirme Charles Bréguiboul. Les tabacs, les boulangeries, les stations service, les épiceries de quartier. Le grossiste en bonbons ne "tape" que dans le concret, là où il y a de "l'humain". « Dans la grande distribution, l'homme n'est pas important, explique-t-il. Alors que dans le domaine du commerce de proximité, il faut créer du dynamisme dans le point de vente. J'ai huit commerciaux qui vont régulièrement rencontrer les commerçants. »
Tout. C'est aussi le credo de Charles Bréguiboul : faire de ses commerces de vraies cavernes d'Ali Baba. « Moi ce que j'aimais quand j'étais petit, c'était entrer dans une boulangerie et avoir sous les yeux, tous les bonbons possibles et imaginables. » Mais chaque tabac, chaque boulangerie vend les bonbons à l'image de son propriétaire, car les goûts et les couleurs ça ne se discute pas.
La société travaille avec toutes les plus grandes marques de confiseries et de boissons et crée ses propres gammes de produits. Dans son panier, plus de 4 000 articles ! Tous les mois, Charles Bréguiboul épluche le catalogue des nouveautés et des promotions. « Tiens ce mois-ci ils sortent un nouveau Tic-Tac ananas-noix de coco, ça devrait plaire », songe-t-il. En fait, c'est assez simple, il fonctionne selon la "loi des 20-80". Avoir 20 % des produits qui font 80 % du chiffre d'affaires et 80 % des produits qui font 20 % du chiffre d'affaires. Mais le directeur sélectionne et ça se ressent dans les rayons. « Si je refuse un produit, il a très peu de chance d'être commercialisé, affirme-t-il. Les fournisseurs ont besoin de distributeurs comme nous car on est peu nombreux. »
Sucré et coloré, le quotidien de Charles Bréguiboul n'est pas menacé par la crise. Pétillant comme une sucette acidulée, il est plein d'idées, de projets et d'optimisme. Et avec un nom pareil, il avait tout pour s'imposer dans le monde du bonbon comme un caramel qui colle aux dents. 

> Margot VALEUR

Publié dans NOS OEUVRES

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
M
<br /> <br /> je suis un tout petit point de vente commerce de proximité dans un petit village<br /> <br /> <br /> pourtant je n'ai jamais été démarché par la ste breguiboul ????<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre